Nos chiens font partie de nos familles, de nos vies et de notre société. Depuis la nuit des temps, ils ont prouvé leur capacité à faire tout ce dont leurs amis humains avaient besoin ou leur demandaient. Pour nos ancêtres, les chiens représentaient un partenaire de chasse avisé, un berger fiable, un féroce défenseur des biens de l’homme ou de ses proches et un ami affectueux qui apportait du réconfort dans les situations difficiles. Les chiens sont capables d’accomplir de nombreuses tâches toute comme les humains, ainsi que d’aimer comme les humains ne le peuvent pas. Peut-être c’est grâce à leur adaptabilité et à leur dévouement envers les humains que les chiens ont été capables de développer de nouvelles façons, plus sophistiquées, de nous sauver la vie et de nous protéger des dangers actuels. Depuis le début du XXIe siècle, aidés par la croissance des communications mondiales, de nombreux rapports anecdotiques de chiens alertant leurs propriétaires de crises imminentes, de problèmes de santé et même de cancer sont devenus un sujet populaire dans l’actualité du monde entier. Dans tous ces cas, il s’agissait de chiens de compagnie qui avaient le don d’identifier quelque chose qui menaçait leurs propriétaires et qui, par conséquent, présentaient un comportement anxieux et des signes de colère.
Les cellules cancéreuses dégagent de très faibles quantités de composés organiques volatils, d’alcanes et de dérivés benzéniques qui ne sont pas présents dans les tissus sains. De nombreuses études sur le cancer ont visé à détecter ces sous-produits des cellules cancéreuses en utilisant les outils les plus sophistiqués de détection d’odeurs, un spectromètre de masse et le nez d’un chien. Si nos chiens bien-aimés peuvent traquer les odeurs humaines comme n’importe quelle autre créature vivante, pourquoi ne seraient-ils pas capables de détecter le diabète ou le cancer ? Le nez d’un chien est un appareil très sensible avec environ 50 fois plus de récepteurs olfactifs que celui des humains. Par conséquent, ils sont capables de détecter des substances dans des concentrations aussi faibles qu’une partie par milliard.
En 2004, une recherche menée par le British Medical Journal a révélé que l’odorat très développé des chiens pouvait détecter le cancer chez les patients. En 2006, le New York Times a publié un article sur cinq chiens, trois labradors et deux chiens d’eau portugais, dressés pour détecter le cancer avec une précision de 99 %. L’étude, menée à la Pine Street Clinic de San Anselmo, en Californie, capitalise sur la capacité exceptionnelle des chiens à détecter même des traces de substances présentes dans les tissus d’une tumeur.
Des études sur les biomarqueurs du cancer ont démontré que des composés organiques volatils (COV) spécifiques sont présents dans l’urine des patients atteints d’un cancer de la vessie et que les chiens dressés pour la detection étaient capables d’identifier les échantillons de cancer. Depuis lors, et sur la base de l’existence de biomarqueurs volatils spécifiques associés à différents types de cancer, les chercheurs ont continué à étudier la détection des odeurs des chiens pour détecter les cancers de la prostate, colorectal, du sein et des ovaires en étudiant la présence de COV dans l’urine, les échantillons fécaux et l’haleine humaine, endroits où les substances volatiles cancéreuses peuvent apparaître au cours des premiers stades de la maladie.
Sous la direction du Dr Hideto Sonoda, des recherches menées à l’Université de Kyushu à Fukuoka en 2011 ont révélé qu’un chien spécialement dressé pouvait détecter le cancer colorectal chez les patients avec une précision de jusqu’à 98 %. Cette étude a apporté des preuves empiriques et scientifiques à des cas comme celui de Marine. Cette dernière est une femelle labrador retriever de 8 ans formée au St. Sugar Cancer-Sniffing Dog Training Center et qui possède une vaste expérience dans la détection du cancer. Elle a pu détecter 12 types de tumeurs en examinant l’haleine des patients avant l’étude mentionnée.
En 2012, le European Respiratory Journal a publié une étude réalisée par des chercheurs allemands de l’hôpital Schillerhoehe de Gerlingen qui a prouvé que des chiens dressés peuvent détecter correctement le cancer du poumon en détectant les composés organiques volatils dans l’haleine humaine. Dans cette étude, 220 volontaires ont participé, dont 60 souffraient d’un cancer du poumon, 50 d’une maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) et les autres étaient en bonne santé. Deux bergers allemands, un berger australien et un labrador retriever, ont testé ces patients et ont identifié avec 71 % de précision, le cancer du poumon à ses débuts, alors qu’il est encore traitable, mais l’absence de symptômes rend son diagnostic difficile. Les chiens pouvaient même distinguer le cancer du poumon de la maladie pulmonaire obstructive chronique, une maladie chronique souvent associée au développement ultérieur du cancer du poumon.
Les chiens dressés peuvent non seulement reconnaître les COV, mais également les changements de comportement tels que les signes d’hypertension artérielle, de crise cardiaque, de crises d’épilepsie et de diabète. Dans le cas de ce dernier, les chiens peuvent alerter leurs propriétaires d’une potentielle crise diabétique en détectant les cétones, des acides toxiques dont la forte concentration dans le sang est associée à une glycémie élevée. Dans tous les cas, la détection précoce est la clé pour sauver des vies.
La création d’appareils électroniques dotés des mêmes capacités que le nez d’un chien est en cours. Il s’agira très certainement d’une méthode alternative et sécuritaire pour détecter les maladies avec une grande précision. Néanmoins, peut-être qu’entre-temps, il serait intéressant de donner plus d’espace aux chiens dans ce domaine et de profiter de leur méthode de reniflement non nocive et non invasive comme source supplémentaire, qui, combinée aux méthodes traditionnelles, pourrait potentiellement contribuer à réduire erreurs de diagnostic de maladie.
